La dépression infantile existe et a un traitement

Les causes de la dépression infantile varient et peuvent inclure une prédisposition génétique, un traumatisme, des problèmes de coexistence familiale, des complications survenues pendant la grossesse et les traits de tempérament de l'enfant lui-même.

La dépression infantile

La dépression infantile est un sujet traité très souvent. En fait, la reconnaissance de l'existence de ce problème dans l'enfance est récente même en psychiatrie, précisément en raison de la difficulté qu'ont les enfants à parler de ce qu'ils ressentent.

Les données de l'OMS révèlent qu'il y a actuellement 350 millions de personnes dans le monde qui souffrent de dépression et environ 1 2 des personnes touchées sont des enfants.

Selon le Dr Sandra Scivoletto, psychiatre et professeur à la faculté de médecine de l'USP, certains aspects du comportement des enfants peuvent révéler quand la maladie est installée.

Dans le passé, le diagnostic de la dépression était posé par exclusion. On sait aujourd'hui que des symptômes tels que des modifications de l'appétit et du sommeil, une diminution de l'activité physique et une peur excessive, durable et persistante sont caractéristiques de la dépression infantile.

"Il faut être vigilant lorsque l'enfant devient très calme, immobile, très effrayé d'être séparé des personnes qui lui servent de référence, comme ses parents ou les personnes qui s'occupent de lui. Il s'irrite fréquemment et se plaint dès qu'il ressent une douleur quelconque (estomac ou mal de tête, par exemple)". En général, l'enfant déprimé montre rapidement qu'il ne s'intéresse à rien et qu'aucun jeu ne lui permet de se sentir mieux.

Toujours selon le spécialiste, les adultes et l'école ont généralement du mal à comprendre ce qui arrive à l'enfant. Il est donc fréquent qu'il soit orienté vers des évaluations par d'autres spécialistes, tels que des ophtalmologues et des orthophonistes, et qu'il subisse des tests spécifiques pour voir s'il souffre d'un déficit d'attention et d'hyperactivité, ce qui finit par retarder encore plus le diagnostic. Lorsqu'il s'agit d'enfants, il est difficile de penser à la dépression au premier abord.

"Par le passé, le diagnostic de la dépression se faisait par exclusion. On sait aujourd'hui que des symptômes tels que des changements d'appétit et de sommeil, une diminution de l'activité physique et une peur excessive, durable et persistante sont typiques de la dépression infantile", explique le Dr Scivoletto.

Comment détecter un cas de dépression infantile ?

La dépression infantile peut se manifester de façons très différentes, et même opposées selon les cas. Dans ces conditions, il peut être difficile de détecter un épisode dépressif chez l’enfant.

Manifestations physiques et comportementales de la dépression infantile

Il existe cependant quelques tentatives de diagnostic de la dépression infantile en pédopsychiatrie. Ces diagnostics sont souvent descriptifs et énumèrent les manifestations possibles de ce trouble. En ressortent une tristesse durable, des difficultés scolaires, un isolement, une anxiété et des phobies, des douleurs physiques, une inhibition, une colère et une agressivité, une douleur morale, une phobie scolaire, voire dans de très rares cas, une tentative de suicide. D’autres recherches ajoutent les troubles du sommeil, l’autodépréciation, les modifications de l’appétit et du poids, entre autres. Bien que les difficultés scolaires soient un symptôme récurrent de la dépression infantile, cette dernière peut aussi se traduire par un surinvestissement à l’école, dans le but d’oublier la souffrance. Parallèlement, un enfant « trop sage » peut aussi cacher un certain mal-être. Existent enfin des cas où l’enfant montre des signes d’hyperactivité, d’irritabilité ou d’asociabilité.

Manifestations verbales de la dépression infantile

Les mots de l’enfant doivent également être considérés avec attention par les parents, car ils peuvent révéler un état dépressif. Des expressions comme « je m’en fous », ou « j’ai envie de rien » peuvent par exemple traduire une perte d’intérêt et de plaisir. La perte de l’estime de soi peut quant à elle transparaître derrière « je suis nul » ou « j’y arrive pas ». « Je suis méchant » peut trahir un sentiment de culpabilité. Cependant, pour éviter les mauvaises interprétations, il est indispensable de remettre ces phrases dans leur contexte, et de tenir compte de leur fréquence.

En d’autres termes, et au vu de la multiplicité des manifestations de la dépression infantile, la prudence doit être de mise quant à l’interprétation de signes isolés. L’indice le plus souvent révélateur d’un problème plus sérieux chez l’enfant reste un changement soudain et durable de son comportement, à tel point que les parents peuvent avoir l’impression de ne plus le reconnaître

Les causes de la maladie

Les causes de la maladie sont variables. Il peut s'agir de prédispositions génétiques, de traumatismes, tels que des abus sexuels ou psychologiques, de problèmes de coexistence familiale, notamment en ce qui concerne la relation avec la mère, de complications survenues pendant la grossesse et de certains traits du tempérament propre de l'enfant. Il est important d'être vigilant, car s'il y a des épisodes de dépression dans la famille, la probabilité que l'enfant développe un trouble mental augmente considérablement. Si les patients sont la mère ou le père, les risques peuvent être jusqu'à cinq fois plus élevés.

Le Dr Ana Kleinman, pédopsychiatre et chercheuse du programme sur les troubles bipolaires de l'Institut de psychiatrie de l'hôpital des Cliniques de São Paulo, explique que, selon le cas, la thérapie et l'activité physique peuvent aider l'enfant. Un changement dans les causes de la dépression est nécessaire." En cas de dépression modérée ou grave, le traitement peut inclure l'utilisation de médicaments.

Facteurs de prédisposition aux troubles dépressifs chez l’enfant

Facteurs internes de prédisposition à la dépression chez l’enfant

Les premiers facteurs sont d’origine interne, c’est-à-dire que l’enfant peut être de nature plus sensible à l’anxiété. C’est souvent le cas de l’enfant inhibé (timide) qui a été étudié. Une recherche a montré que 61% des enfants de 13 ans qui manifestaient  une certaine inhibition vers l’âge de deux ans montraient des signes évidents d’anxiété.

L’enfant peut également présenter une pathologie qui le rende plus vulnérable à la dépression, par exemple un retard affectif, une sensibilité accrue aux séparations ou aux pertes ou des craintes d’abandon.

Facteurs externes de prédisposition à la dépression chez l’enfant

Certains facteurs peuvent aussi relever de l’environnement. À ce titre, le lien entre la dépression de la mère et celle de son enfant a souvent été observé. Il se trouve que les mères déprimées sont généralement moins attentives et répondent moins bien aux besoins de leur enfant. Or, il y aurait un lien entre le comportement dépressif de la mère et le développement de troubles de l’anxiété ou de la dépression chez l’enfant. Elles représentent effectivement de mauvais exemples en termes de régulation des humeurs négatives ou de résolution de problèmes. Bien que les études se concentrent surtout sur la mère, un père déprimé aurait également un impact négatif sur la santé mentale de son enfant.  En parallèle, la monoparentalité, des relations parentales conflictuelles, les carences affectives et, à plus forte raison, les mauvais traitements perturberaient l’équilibre psychologique de l’enfant. Réciproquement, un cadre rassurant, une cohésion familiale, une relation parent-enfant saine sont des facteurs qui peuvent prévenir la dépression infantile.

Comment aider un enfant dépressif ?

Dans la majorité des cas, le simple fait pour un enfant de voir sa dépression révélée et prise en compte par sa famille soulage sa souffrance. Cependant, cela ne se vérifie pas nécessairement dans les cas les plus sérieux et plus durables de dépression. Réciproquement, la famille qui ignore ou refuse d’accepter la dépression de l’enfant constitue une source supplémentaire de souffrance et de frustration pour lui.

Le plus souvent, les enfants diagnostiqués dépressifs sont d’abord pris en charge par un pédiatre et suivent des consultations régulières. Le soutien des parents quant à ces consultations est essentiel pour le rétablissement. Plusieurs thérapies sont adaptées aux enfants dépressifs.

Les psychothérapies : elles comportent une certaine créativité et une dimension ludique qui constituent un cadre d’expression privilégié pour eux.

Les thérapies familiales : elles sont préconisées dans les cas où la famille elle-même n’arrive pas à gérer la dépression de l’enfant. Son but est de reconstruire l’espace familial pour qu’il soit rassurant et participe au rétablissement de l’enfant.

Les thérapies de plus ou moins longue durée suffisent généralement à apaiser la dépression de l’enfant. Des antidépresseurs peuvent être prescrits dans les cas les plus sérieux mais on ne prescrit que très rarement des antidépresseurs à un jeune de moins de 10 ans.

De manière générale, la famille constitue une première thérapie. C’est son soutien, sa capacité d’écoute, sa cohésion et son affection qui participent essentiellement au rétablissement de l’enfant dépressif. Cela suppose que la famille doit éviter de laisser les problèmes personnels envahir l’espace privé, comme les problèmes de couple ou de travail, car l’enfant, très dépendant de son environnement, en sera nécessairement imprégné.

Un épisode dépressif chez un enfant présage-t-il une vulnérabilité future à la dépression ?

Les épisodes dépressifs chez l’enfant n’ont pas tous la même ampleur ni la même intensité, ce qui implique qu’ils n’auront pas les mêmes conséquences sur son avenir1.

Les épisodes dépressifs de courte durée, liés à une difficulté d’adaptation à des changements environnementaux, n’ont généralement pas de conséquence sur la vulnérabilité des enfants à la dépression : une étude a observé que 90 % d’entre eux sont guéris au bout de 12 mois et ne présentent pas de récidive après 5 ans. Si des troubles de la conduite peuvent subsister chez certains cas, il n’est pas vérifié qu’un épisode dépressif léger dans l’enfance engendre une vulnérabilité à la dépression à l’adolescence ou à l’âge adulte.

En revanche, lorsqu’il s’agit d’un épisode dépressif majeur, un taux de récidive de 70 % a été observé dans les 5 ans qui suivent. Un enfant ayant eu des troubles dépressifs sérieux sera donc plus sujet à des épisodes équivalents au cours de son adolescence. Une évolution plus grave vers des troubles de la personnalité est également possible. Pour ce qui est de récidives à l’âge adulte, les études semblent pencher vers une absence de corrélation entre les troubles dépressifs de l’enfance et ceux de l’âge adulte. En effet, une majorité des cas de dépression de l’adulte ne serait pas précédée de troubles dépressifs dans l’enfance.